Article rédigé par Senda Baccar et publié dans l'édition du 18 avril 2000 du Journal Le Temps
L'informatique médicale :
pour les médecins, par des médecins
La STIM, une équipe de médecins passionnés
d'informatique au service de leurs confrères
C'est à la Société Tunisienne d'Informatique Médicale (Stim) qu'est
naturellement revenue la responsabilité d'animer l'atelier d'informatique
médicale organisé dans le cadre des journées Naceur Haddad qui se sont
tenues à la fin de la semaine dernière dans un hôtel de la capitale.
Des dizaines de médecins, toute spécialités confondues, ont pu suivre
d'intéressantes interventions dont le but essentiel était de les
sensibiliser et les familiariser à l'usage de l'informatique dans le cadre
de leurs activités professionnelles, en particulier la gestion du cabinet
(fichiers clients, facturation, etc.) et la formation continue.
Bénévolat et abnégation
Conçue sous la forme d'une société savante, la Stim est créée en 1996 sous
l'impulsion des docteurs Rached Haj Romdhane et Sofiane Zribi, deux
médecins passionnés d'informatique. Depuis, l'évolution rapide des
technologies de l'information leur aura donné maintes fois raison malgré le
fait que, sur les neuf mille médecins que compte notre cher pays, seuls
quatre cent d'entre eux sont membres de l'association (ce qui ne veut pas
dire que les autres ne suivent pas…). Rejoints par d'autres médecins tout
aussi convaincus de l'importance de l'informatique dans le secteur médical,
ils forment aujourd'hui une équipe soudée, animée d'une volonté sans faille
de faire passer le message.
Cependant, il reste toujours beaucoup à faire. En effet, d'après le Dr.
Zribi "le taux d'informatisation est de l'ordre d'un médecin sur quatre,
sur l'ensemble du territoire tunisien; dans les grandes villes (Sfax,
Sousse et Tunis), il est de un sur deux". C'est pourquoi la Stim participe
de manière quasi systématique à diverses manifestations et qu'elle organise
elle-même plusieurs congrès par année avec comme objectif principal de
pousser les médecins à s'équiper d'un ordinateur et communiquer entre
eux.
Informer tous azimuts
A ce titre, le site Web de la Stim et la création récente d'une liste de
diffusion qu'elle anime (j'ai pesté quand son modérateur m'y a inscrite
d'office, sans même me demander mon avis, mais c'est pour la bonne cause
et, ami lecteur, toi qui connais ma magnanimité, tu devines que je me suis
contentée de râler en mon for intérieur sans rien faire paraître) a permis
à des médecins répartis sur l'ensemble de la Tunisie d'échanger des
informations. Mais voilà (c'est que le cas de le dire, ami lecteur, tu
verras pourquoi dans les secondes qui viennent), la Stim est une
association. Qui dit association, dit manque de liquidités (c'est connu, ne
dis pas le contraire; oui, bon, à quelques exceptions près).
Or l'Internet coûte encore trop cher pour ce type d'organisme. Ainsi, tant
le site Web que la liste de diffusion de la Stim sont hébergés sur des
sites gratuits respectivement, Tripod et Voilà, à la merci d'une cessation
d'activité, d'une coupure ou d'un conflit tel que celui qui a dernièrement
opposé ces derniers à eGroup, causant l'interruption de la liste de
diffusion, au grand bonheur de ma boîte aux lettres personnelle mais au
grand dam des médecins tunisiens, privés pendant plusieurs semaines de ce
moyen de communiquer entre eux.
Bientôt un ".tn" ?
Malgré tout, les animateurs préfèrent cette solution qui leur permet de
mettre à jour les nombreux sites qu'ils animent sans restriction d'aucune
sorte (certains sites nécessitent deux à trois mises à jour quotidienne).
Les bénévoles de la Stim rencontrent également d'autres difficultés en
particulier par rapport à l'animation et la création de ces autres sites
Web, consacrés aux diverses spécialités et où le contenu fait parfois
cruellement défaut. Or, les universitaires qui pourraient, théoriquement,
proposer le plus de matière, sont assez réticents.
Quoi qu'il en soit, ces médecins passionnés ne baissent pas les bras et
leurs efforts sont d'autant plus louables que leur activité principale
demeurant l'exercice de leur profession, ils travaillent pour leur
communauté professionnelle sans retenue, parfois au détriment de leur vie
familiale et surtout sans aucune attente de rémunération.
Un mot d'ordre: solidarité
La création de liens entre les divers sites relatifs à la médecine
tunisienne (voir ci-après notre sélection) est, à ce titre, garante de leur
volonté farouche de marquer la présence de celle-ci sur le Réseau. Même si
on ne leur rend pas toujours la pareille...
Malgré tout, tant les patientes interventions que la mise à disposition de
leurs collègues de divers logiciels gratuitement (gestion de cabinet
médical, gestion de dossiers psychiatriques, etc.) de ces prophètes d'un
genre nouveau prouvent, que l'essence et l'esprit même de la médecine,
entre autre le dévouement et l'altruisme, demeurent préservés.
Virtuellement vôtre
sendabaccar@planet.tn